Un jour, une voiture : Austin Metro Cooper

Mar 8, 2022 | À la une, Actus, La fabrique de Young

« Ex-fan des sixities, que sont devenues toutes tes idoles ? » susurre Jane Birkin en 1978. Disparus Jimi Hendrix, Otis Redding, Janis Joplin, T-Rex, Elvis… et la Mini Cooper ! Son papa John a pourtant tenté d’en reproduire le succès en appliquant ses bonnes vielles recettes à la nouvelle Austin Metro, dévoilée en 1980. Hélas pour lui, l’Histoire n’a pas bégayé…

Au début des années 1980, les héros des Trente Glorieuses sont fatigués. Après avoir imposé le moteur central arrière en F1, assis la domination britannique dans cette discipline et donné son nom à la grand-mère des GTI, la Mini de BMC, John Cooper s’est retiré dans son entreprise de distribution automobile, basée dans le Sussex. Dès 1971, le nouveau groupe British Leyland, successeur de BMC, avait mis un terme à la commercialisation de la mythique Mini Cooper S au profit de la 1275 GT, une drôle de Mini au nez redessiné et rallongé d’une dizaine de centimètres. Trop sophistiquée pour une voiture bon marché, la puce anglaise ne générait que des bénéfices nuls voire négatifs et on avait espéré gagner quelques livres Sterling en lui donnant une apparence un peu plus cossue et un prix plus élevé. Comme bien des idées de la tragique période Leyland, cela a tourné au vinaigre…

Mais les tergiversations autour du remplacement de la Mini cessent enfin en octobre 1980 lorsque BL dévoile l’Austin Metro au salon de Paris. Le fracassant slogan publicitaire britannique annonce : « A British car to beat the world » ! Malgré le style entièrement nouveau et – grande nouveauté ! – le hayon arrière, le monogramme « miniMETRO » apposé durant les deux premiers millésimes ne coupe pas le lien avec la glorieuse ancêtre. Et pour cause, la Metro en reprend le principe de la suspension à air dite Hydragas et les antiques moteurs de série A dont les racines remontent à la Morris Minor de 1948. A la décharge de BL, le bloc fonte et l’arbre à came latéral n’ont pas empêché la Renault 5 de cartonner comme jamais en France à la même époque !

On retrouve dans la gamme Metro originelle – 1000, 1000 L, HLE, 1300 S – les mêmes cylindrées immuables de 998 et 1275 cm³ mais pas de version sportive iconique. John Cooper flaire l’opportunité à jouer : refaire avec la Metro 1300 le coup de la Mini Cooper à vingt ans d’intervalle ! Il propose dès 1981 une conversion sportive à même de rivaliser avec la toute nouvelle Ford Fiesta XR2. Mais à la différence des plus tardives préparations « soufflées » de Janspeed et Turbo Technics, il ne retient que de bonnes vielles recettes : deux carburateurs SU, un nouvel arbre à came et un échappement retravaillé. De jolies jantes à trous Wolface Sonic et des bandes décoratives de bas de caisse (qui font sans doute aller plus vite) parachèvent le travail de gonflette. Cooper ambitionne de commercialiser sa conversion dans sa propre concession BL de Ferring et dans le réseau de distribution Wadham Stringer, lequel contrôle une trentaine de points de vente BL. Dans la presse spécialisée, de pleines pages de publicités annoncent aux ex-fans des sixties : « nous nous excusons de vous avoir fait attendre près de dix ans, mais nous pensons que la conversion Metro Cooper en valait vraiment la peine. » Le prototype connaît un écho positif dans la presse. Les magazines Autocar et Motor en publient l’essai. Les chronos mesurés – un peu moins de 11 secondes à l’exercice du 0 à 60 mph – équivalent à ceux d’une Mini Cooper S dix ans plus ancienne, ce qui ne casse tout de même pas trois pattes à un canard…

L’initiative ne reçoit aucun écho positif de BL. Au contraire, le General Motors britannique refuse d’accorder sa garantie aux voitures ainsi commercialisées et met son veto à l’usage de la marque « Cooper » sur la Metro. L’ancienne gloire de la F1 insulaire devra trouver un autre nom, ce sera Metro Monaco. Il y a une bonne raison à cela : BL a dans ses cartons sa propre Metro sportive. Prévue pour mars 1982, elle portera la marque MG, en dormance depuis la fin de fabrication de la MGB et la fermeture de l’usine d’Abington en 1980. La communication autour de cette renaissance n’aurait pu qu’être parasitée par le retour de cette autre gloire qu’est la Cooper. D’autant que la MG Metro 1300 présente des caractéristiques et des performances très voisines ainsi que les mêmes jantes Wolface Sonic ! Une version Turbo n’arrivera que dans un second temps, en 1984.

De fait, les Metro Cooper et Monaco ont très vite rejoint les poubelles de l’Histoire. On ne sait pas combien il y en a eu. Très peu à l’évidence. Le seul exemplaire connu aujourd’hui a été retrouvé en 2017 et restauré. Quant à John Cooper, il se consacrera dans les années 1980 à sa concession… Honda, non sans tenter la vaine conversion de Mini neuves en « Cooper revival » au Japon. Il faudra attendre 1990 pour que Rover Group, le successeur de BL, mène à bien une résurrection officielle de la Cooper originelle avec le succès que l’on sait.

Les années 1980 ne se prêtaient décidément guère à la nostalgie, comme le déplore l’inoubliable chanson écrite par Serge Gainsbourg pour son ex-muse britannique…

 

1 Commentaire

  1. Arnaud7675

    Article sympa
    Que de souvenirs avec cette MG Metro, en bons et mauvais évidemment

    Réponse

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *