Un jour, des voitures : Concorde de la route

Oct 27, 2022 | À la une, Actus, La fabrique de Young

Nous rendons hommage ce mois-ci à Concorde dont le dernier vol commercial s’est achevé outre-Manche le 24 octobre 2003 à l’aéroport d’Heathrow. Examinons à cette occasion les tentatives des constructeurs automobiles d’exploiter la moindre connexion de leurs modèles de série avec le légendaire supersonique. Les voici classées par ordre de pertinence, en toute subjectivité cela va sans dire !

Texte : Laurent Berreterot

10/ Renault 18

Le nom de Renault n’a pas pas laissé un grand souvenir aux États-Unis. On citera notamment les déconvenues de la Dauphine, infiniment moins vendue sur place qu’une Volkswagen pas forcément meilleure techniquement. Le Concorde représente donc un formidable accélérateur de notoriété. Mais de là à lui associer un modèle aussi conventionnel que la R18, n’est-ce pas un peu capillotracté ?

9/ Chrysler Concorde

Suite au refus du Sénat de voter les crédits au projet de Boeing supersonique, en 1971, les Américains ont été privés de « leurs » Concorde (au grand regret du président Nixon !), mais ils ont pu acheter une automobile portant ce nom bien des années plus tard. La Chrysler Concorde, produite en deux générations entre 1992 et 2004, présente un concept de « cabine avancée » innovant et une grande modernité aérodynamique évoquant (un peu) l’univers aéronautique. Malgré cela, Chrysler n’a semble-t-il jamais osé le rapprochement avec le supersonique franco-britannique. Pour ne pas raviver l’amertume d’une compétition transatlantique qui n’a pu avoir lieu ?

8/ BMW M535i

La publicité a raison. La M535i a autant besoin d’un turbocompresseur que le Concorde d’une hélice. Malheureusement, la confrontation avec le parangon de l’efficacité aéronautique met cruellement en exergue l’aérodynamique dépassée de la E28…

7/ Rover 3500 (SD1)

L’image de modernité de la Rover SD1, élue voiture de l’année 1977, se prêtait à un parallèle avec le Concorde. Il est vrai qu’avec ses airs de Ferrari Daytona à quatre portes et son cockpit épuré, cette berline d’allure presque sportive a démoli le cliché de la berline anglaise vieux jeu. Les premiers exemplaires se passent d’ailleurs des sempiternelles boiseries et les chromes se font discrets. Malheureusement, cette Rover a pâti d’une fiabilité et d’une qualité de fabrication peu en rapport avec les standard aéronautiques. Dommage !

6/ Rover 800 Sterling

Les clients Concorde ne s’entassaient pas dans un bus plat à leur descente d’avion. En 1996, British Airways mettait à leur disposition une Rover 800 Sterling. L’illustration d’une concorde automobile, oui, mais anglo-nipponne ! Honda a en effet largement contribué au développement de la voiture au temps où le constructeur japonais voyait l’Angleterre comme une tête de pont pour sa conquête de l’Europe. Sur la fin, la 800 a toutefois troqué son V6 2,7l Honda pour un KV6 2,5l de conception anglaise. Mais pouvait-on encore considérer ce modèle finissant comme un fleuron national à l’égal de Concorde, en 1996 ?

5/ Lotus Europe/a

Voilà un Concorde routier stricto sensu. Cette sportive britannique résulte en effet d’une concorde transmanche puisque moteur et boîte de vitesse viennent de France. Colin Chapman a choisi le bloc quatre cylindres tout alu de la Renault 16, porté à 78 ch. Il a même hésité à baptiser la voiture Concorde avant qu’un vote de ses employés ne désigne le nom d’Europe (qui devient Europa sur les modèles destinés au Royaume-Uni). En France, le garage Royal Élysées n’a pas manqué pas de vanter « une réussite franco-britannique ». Elle n’a cependant pas laissé de trace dans la culture populaire, à la différence du bel oiseau blanc. Il est vrai que James Bond ne roulait pas encore en Lotus à l’époque…

4/ Citroën CX

C’est une CX Prestige qui accueille le commandant de bord Paul Metrand alias Alain Delon à sa descente d’avion dans « Airport 80 Concorde », un aimable navet assez dispensable… En 1986, Air France commanda à Citroën une série ultra limitée de CX 25 GTI Turbo pour fêter les dix ans du premier vol commercial de Concorde. La teinte blanc nacré rappelle celle du supersonique, tout comme la sellerie. Les autos devaient transporter l’équipage pour la cérémonie du 10 janvier 1986 prévue à Toulouse. Citroën n’ayant pu honorer les délais (on évoque des problèmes de peinture), Air France dut annuler la commande…

3/ Bristol 412

A la fin des années 1970, Bristol Cars peut se targuer d’être le constructeur automobile le plus proche de Concorde. Bien que séparée de la Bristol Aeroplane Corporation depuis 1960, la petite manufacture a conservé son usine située sur l’aérodrome de Filton, tout près du hangar où le premier Concorde britannique a vu le jour. C’est là que Bristol faisait poser tous ces modèles, dont cette 412 à conduite à gauche destinée aux États-Unis. La carrosserie est toujours en aluminium mais le style disons… particulier a perdu l’allure avionique des Bristol de bonne époque. Et le vieux châssis long et étroit hérité de la BMW 327 d’avant-guerre ne donne pas vraiment dans la haute technologie…

2/ Rolls-Royce Silver Spirit/Spur

S’il existe une firme intimement liée à Concorde, c’est bien Rolls-Royce ! Pour les réacteurs du supersonique, les Rolls-Royce-Snecma Olympus 593, bien sûr ! A ce détail près que la division aéronautique n’a plus rien à voir avec l’activité automobile depuis la faillite de 1971 et la partition de l’entreprise, en 1973. Malgré tout, une Rolls-Royce sied fort bien au train de vie de passagers capables de payer plusieurs milliers de livres Sterling leur billet Londres-New York. Ce n’est pas Fred Finn, alias « Mach 2 man », qui nous contredira. Il a pris le Concorde 718 fois dans sa vie et parcouru plus de kilomètres en supersonique que n’importe qui. On le voit ici sur cette « une » mythique avec une Silver Spirit ou Spur… mais à l’intérieur du magazine, il pose également avec sa McLaren F1 et une Lamborghini Countach !

1/ Citroën SM

Les journalistes se plaisent à écrire que la SM est à Concorde ce que la DS est à la Caravelle. Vitrine et fleuron technologique à sa sortie, en 1970, elle s’inscrit dans la mythologie des réalisations de prestige des Trente Glorieuses : le France, l’Aérotrain, Concorde. Citroën n’aura guère le temps de souligner ce lien en photographie puisque la production de la SM a cessé avant même le premier vol commercial du bel oiseau blanc. Celui-ci ne connaîtra pas meilleure fortune puisque seulement 16 appareils de production ont été assemblés entre 1975 et 1979. …

Choix alternatifs : Aston Martin DBS Superleggera Concorde Edition, BMW M1, McLaren F1 « Fred Finn », Lamborghini Countach, Bristol Brigand…

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